lundi 22 juillet 2013

La différenciation des sexes

Image du livre "Cerveau rose, cerveau bleu. Les neurones ont-ils un sexe ?"
Dans la plupart des sociétés, on sépare les peuples en multiples catégories. Mais aucune ségrégation n'est aussi répandue, dure depuis aussi longtemps, et est autant socialement acceptée que la ségrégation des sexes. On les sépare dans les domaines physiques, mentaux, psychologiques, chaque sexe à ses rôles, ses habits, ses jouets et ses passions. Y a-t-il une raison valable à de telles ségrégations, ou est-ce l'héritage d'une société patriarcale ?

Il y en a qui tentent de justifier la ségrégation sexuelle par des études dites scientifiques. On nous dit que les hommes sont meilleurs en mathématiques, tandis que les femmes parviennent plus facilement à se concentrer sur plusieurs choses à la fois. Elles sont plus émotionnelles, mais ils supportent plus difficilement la douleur physique. Preuve à l'appui, paraît-il.

D'abord, il y a des biais énormes dans la plupart de ces études. À commencer par négliger l'influence de la société sur le cerveau des individus. Le cerveau a une plasticité qui lui permet de se remettre de lésions et de se spécialiser. Cela signifie que si l'on reçoit une éducation différente, le cerveau se développe différemment et la mentalité est différente. Or, la différence de traitement se fait dès le plus jeune âge.

On donne des habits roses aux filles et des bleus aux garçons ; on offre des poupées et des poneys roses aux filles, des voitures et des soldats en plastique aux garçons. Non-seulement c'est le choix de leurs parents et de la société avant d'être le leur, mais, en plus, lorsque les enfants veulent un jouet qui "n'est pas pour eux", leurs parents le leur interdise souvent. Et si ce n'est pas interdit, c'est source de moquerie. Ce genre de stéréotypes continue de leur être présenté tout au long de leur vie, à travers les films, les livres, leur entourage, la façon dont elles/ils sont traitées : au mariage, la femme prend le nom de l'homme et reste au foyer pendant que celui-ci travaille ; les femmes sont des demoiselles en détresse, le courage est une qualité masculine ; une femme ne peut se réaliser que dans la maternité, l'homme peut se réaliser dans le travail ou le sport de son choix ; et bien d'autres stéréotypes encore.
Faire semblant que tout cela n'influence pas la façon dont chaque sexe voit le monde, et les qualités qu'il va développer, est tout simplement une erreur.

On me répondra que la source des différences est sans importance, que la seule chose qui compte est leur existence. Permettez moi de ne pas être d'accord du tout. Si les hommes sont naturellement plus courageux que les femmes, la société doit s'adapter pour offrir à ces dernières un soin particulier. En revanche, si c'est la façon dont les enfants ont été élevés, et les images véhiculées par la société, qui explique cette différence, alors on peut accuser la société de rendre les femmes particulièrement vulnérables, leur rendant plus difficile l'accès à l'indépendance financière et émotionnelle, et il faut faire de notre mieux pour corriger ce problème.

Ensuite, est-il judicieux de séparer les sexes dans tous les sports ? Que l'on fasse des catégories séparées dans la boxe ou la course est normal. On peut même être surpris qu'il n'y ait pas d'avantage de catégories dans la course, comme il y en a dans la boxe. Par contre, est-il acceptable de le faire pour le tir à l'arc, par exemple ? Dans plusieurs disciplines de ce sport, les records des femmes et des hommes sont égaux. Alors ne peuvent-ils pas faire une seule catégorie ?
En dehors du sport, on peut se poser la même question sur l'âge de la retraite. Elle est de 64 ans pour les femmes et 65 pour les hommes (en Suisse), alors que l'espérance de vie des femmes est plus longue que celle des hommes. Fallait-il absolument marquer, une fois de plus, une différence entre les femmes et les hommes ?

Et que dire des rôles sexués dans la société ? Secrétaire, caissière, prostituée, femme au foyer, mécanicien, directeur, médecin, infirmière... Même s'il y a une mixité grandissante dans tous les métiers, il faut reconnaître que l'égalité n'est pas encore acquise. Pour les gens qui diraient que les véritables discriminés sont les hommes parce qu'il est mieux vu pour une femme d'accéder à un poste réputé masculin que pour un homme d'accéder à un poste réputé féminin, je répondrais que c'est un mauvais argument. Car s'il est mieux vu qu'une femme accède à un travail réputé masculin que l'inverse, c'est parce que les postes traditionnellement réservés aux femmes sont des postes de subalterne : la caissière pour le gérant, la secrétaire pour le président, l'infirmière pour le médecin, la femme au foyer pour le maître de maison, etc.
Il est mal vu qu'un homme occupe un poste dit féminin car c'est vu comme une humiliation, un recule de sa condition. Bien que d'autres métiers mal vus soient couramment pratiqués par des hommes, comme éboueur, il n'en reste pas moins que, dans la vision populaire, les métiers "de femmes" sont réservés aux femmes car les hommes sont au-dessus de ça, tandis que les métiers "d'hommes" sont réservés aux hommes car les femmes ne sont pas assez bien pour les pratiquer.

Il est possible que, en moyenne, les femmes préfèrent certains métiers et les hommes d'autres, ou même que les capacités moyennes soient différentes, quelques en soient les raisons. Cela n'empêche pas que les êtres humains ne sont pas fabriqués à la chaîne et que les différences entre les individus sont importantes. On peut tout à fait avoir des capacités et des envies très éloignées des standards pour notre sexe, et souhaiter occuper un rôle traditionnellement réservé à l'autre sexe.
Ce n'est pas grave si un poste est majoritairement occupé par des personnes d'un sexe, du moment qu'il n'y a pas de barrière pour y restreindre l'accès à l'autre sexe, et tant que la société ne pousse pas les gens à occuper des rôles sexués sans tenir compte de leur individualité.

Certains diront qu'il n'y a pas de fumée sans feu. Que si les rôles sont définis de la sorte dans autant de sociétés, c'est donc qu'il doit y avoir de bonnes raison. Pourtant, ce n'est pas forcément vrai. La plupart des sociétés ont pratiqué l'esclavage et furent des monarchies. Comme quoi, l'intelligence du genre humain et la sagesse de nos ancêtres sont hautement contestables.

Quant aux études, il y a deux grandes façons de procéder. Soit on part des faits, puis on passe à la réflexion et à la conclusion. Soit on part de la conclusion et l'on cherche des faits pour l'appuyer. Si l'on part du principe que les hommes sont plus courageux que les femmes, on parviendra sans doute à la conclusion que l'on a raison. Tout comme on a autrefois démontré "scientifiquement" que la race blanche était à un stade plus avancé de l'évolution que la race noire. Je renvoi aussi au paragraphe ci-dessus concernant le biais de l'éducation. Et puis, lorsque l'on compare deux groupes, il faudrait faire exprès pour obtenir des résultats similaire, quelques soient les critères de cette séparation (sexe, âge, religion, métier, couleur de peau, couleur de cheveux, couleur des yeux...)

Dans ces conditions, comment distinguer le vrai du faux ? C'est très simple, il n'y a pas à chercher de différences. Il faut simplement reconnaître que chaque personne est unique, peu importe dans quelle catégorie on peut la placer. Et lorsqu'il faut répartir les rôles, l'important est de bien réfléchir aux critères de sélection. Ainsi, dans un couple, lors du partage des tâches, c'est selon le salaire, l'amour du travail, les possibilité de progression... que l'on va choisir lequel des deux restera à la maison (s'il en faut un à la maison ; on peut bien sûr répartir les rôles afin que chacun puisse s'épanouir dans sa profession). De la même manière, pour l'âge de la retraite, le sexe n'a en réalité aucune importance. L'âge auquel on a commencé à travailler, la pénibilité du travail, l'état de santé... sont des facteurs qui comptent réellement. Attention donc à regrouper les gens et à répartir les rôles selon des critères qui ont du sens.

En parlant de la répartition sexuée des rôles, je voudrais encore citer deux message qui ont été postés, respectivement, par Shu-mei et Lubrifixor, durant la discussion Pourquoi les filles réussissent-elles mieux à l'école ? sur le site sur-la-toile.com (pardonnez les fautes) :

Premier message :
La complémentarité ?? nous ne l'avons jamais niée ! --> mais alors que toi tu la cantonnes dans le partage des rôles , nous nous l'entendons dans le partage des tâches et la collaboration tout comme elle existerait dans un équipe de travail entre des personnes de même sexe... La complémentarité, nous la recherchons également dans les domaines affectif et sexuel...
Mais "la complémentarité" ne doit pas être érigée en principe de Société, ni en principe politique car dans [...] cette complémentarité il y a le sexe féminin qui materne et assume les travaux domestiques et le sexe masculin qui exerce une profession et devient l'unique pourvoyeur de revenus...
A partir du moment où la femme est économiquement dépendante, elle devient soumise à l'homme. et n'est plus l'égale de l'homme.
Second message :
Macho n'est pas d'avantage penser qu'il existe des différences entre les deux sexes, car évidemment il y'en a, le macho est celui qui tente d'en écrire les lois dans le but de prétendre connaître la place qu'il importe à chaque sexe d'occuper dans la société car sur la masse, je veux parler de l'humanité, les différences individuelles ne veulent plus rien dire.
De la même manière qu'on ne fait pas de macro économie avec des loi de micro économie, on établi pas de règles sociologiques avec des distinctions individuelles ou inversement.
Et je laisse le mot de la fin à francetvéducation avec une pensée pour le droit à l'éducation des femmes, qui leur est encore refusé dans de trop nombreux pays :
Le déni du droit à l’éducation maintient les femmes dans une situation de dépendance vis-à-vis de leur famille comme de la société. Il les enferme dans un rôle économique et social défini sans elles. Il les empêche de développer un esprit critique leur permettant de défendre leurs droits. Il leur confisque les moyens de lutter pour le respect de ces droits. Lutter contre l’exclusion des femmes, c’est agir sur des facteurs sociologiques, politiques, culturels, etc. Et c’est aussi permettre à la moitié de l’humanité de choisir avec l’autre moitié leur avenir commun.
PS : dans les citations, je ne cite que les passages qui m'intéressent. Pour retrouver les messages en entier, cliquez sur les textes qui deviennent bleus et soulignés lorsque vous passez le curseur au-dessus.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire