lundi 22 juillet 2013

La prière

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La prière est un rite qui se retrouve dans de nombreuses religions. Il parait que la divinité priée nous aide d'une façon ou d'une autre si notre prière lui plait. Dans certaines religions, c'est encore plus efficace si on l'accompagne d'un sacrifice (mais la plupart des pratiquants ont plus ou moins abandonné cette pratique). Aux états-unis, il y a même eu des études pour vérifier si la prière fonctionne ! Je ne veux pas revenir sur ces études qui disent tout et son contraire, et surtout n'importe quoi. Faisons plutôt un exercice de pensée.

Il y a deux façons de voir la prière : soit on entre en communication avec une divinité et cela peut changer la façon dont cette divinité agira envers nous, soit nous parlons à nous-même dans le but de nous rassurer ou nous redonner courage, sans que cela influe sur le monde.

Admettons la première solution (prier change la façon dont nous sommes traités par dieu). Ça pose différents problèmes. Est-ce qu'il faut prier un dieu en particulier ? La prière fonctionne-t-elle si l'on est polythéiste ? Si non, n'est-ce pas injuste que seuls les personnes ayant eu la chance d'apprendre la bonne religion reçoivent de l'aide ? Et si la divinité qui est priée n'a pas d'importance, est-ce qu'il faut simplement que dieu sache que l'on a besoin de son aide ? Si c'est simplement cela, pourquoi prier ? N'est-il pas omniscient ; ne sait-il pas déjà que l'on a besoin d'aide ? Et pourquoi devrions-nous le supplier ? Même de simples mortels sont capables d'aider leur prochain sans que celui-ci n'ai à le demander. Les africains n'ont pas demandé à Unicef de leur venir en aide. Les employées et les bénévoles trouvent simplement cela évident. Et l'association n'exige aucune vénération ou servitude de la part des personnes qu'elle aide, elle considère que c'est normal, elle est heureuse de pouvoir les aider, et n'a qu'un seul regret : ne pas pouvoir en faire plus. Ce n'est pas le cas de dieu, dont la bonté est infinie ?

Je ne parle même pas des questions que soulèvent la prière pour autrui. Imaginons deux fillettes atteintes du sida. L'une est aimée par sa famille chrétienne ou musulmane, qui prie pour elle tous les jours. Appelons la Marie. L'autre a été violée par son père, sa mère est morte à sa naissance, elle est placée dans un orphelinat et est considérée comme une enfant de la honte, même par les gens qui s'occupent d'elle. Personne ne prie pour elle, et elle-même n'a aucune connaissance religieuse. Nous l'appellerons Marguerite. Est-ce que dieu aidera Marie à supporter les dures épreuves qui l'attendent, en laissant la jeune Marguerite livrée à elle-même ? Si ce n'est pas le cas, que dieu s'occupe des plus démunis (qu'ils prient ou pas), alors à quoi sert de prier pour autrui ? Si l'histoire de Marguerite est si terrible que dieu devra l'aider quoiqu'il arrive, imaginons une autre enfant ayant une vie comparable à Marie, mais dont les parents sont athées. Dieu l'aidera moins que Marie ?

La valeur d'un être humain, et le traitement qu'il mérite, ne dépend pas de l'amour que ses proches ont pour lui, ni de leur envie de le voir aller mieux. On voudrait que l'amour que l'on a pour nos proches puisse faire une différence, qu'ils aient un traitement de faveur. Malheureusement, c'est aussi immoral que compréhensible. S'il existe un dieu qui se soucie des prières que nous faisons pour les autres, c'est un dieu profondément injuste.

Je sais que l'on peut tout justifier par "les voies du seigneur sont impénétrables". Mais comparons cela avec la seconde hypothèse : prier ne sert à rien, ce n'est qu'un réflexe pour nous rassurer, qui a la même fonction que le doudou des enfants, ou se mettre en position du fœtus. C'est moins poétique qu'une discussion avec une divinité, mais c'est beaucoup plus probable.

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